Extraits clés de l’article du Journal de Québec paru le 27 avril 2024 :
Diabète, maladie du foie gras, obésité, caries dentaires: la consommation excessive de sucre fait des ravages sur la santé de beaucoup d’enfants québécois qui nécessitent de lourds et coûteux soins de santé, s’inquiètent des médecins.
Boissons sucrées, biscuits, barres tendres, gâteaux: le sucre sous toutes ses formes est largement consommé par les petits Québécois.
La relation entre le sucre et l’obésité « est claire », écrit la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC.
Fait inquiétant, les nouveaux cas de diabète de type 2 ont augmenté de 60% chez les enfants canadiens entre 2008 et 2019, a montré une étude publiée en 2023. Une maladie qui n’existait presque pas il y a 20 ans.
Le principal facteur de risque du diabète de type 2 est l’obésité, qui touche environ 10% des enfants québécois. Deux éléments ressortent pour justifier ce bond de diagnostics: la mauvaise alimentation (dont le sucre) et le mode de vie sédentaire. Des facteurs génétiques entrent aussi en ligne de compte.
D’autres problèmes peuvent aussi être liés à une consommation excessive de sucre, comme des troubles de concentration et de mémoire. À plus long terme, des problèmes cardiaques et des cancers sont aussi associés.
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Le sucre sous toutes ses formes :
- Sucre naturel: celui qu’on retrouve dans les fruits ou le lait
- Sucres ajoutés ou sucres libres: valeur nutritive faible ou nulle (boissons sucrées)
- Les types de sucre: Sucre blanc, cassonade, mélasse, miel, sirop d’érable
- Autres appellations: Glucose, fructose, dextrose, maltose, sucrose
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Peut-on être dépendant au sucre?
Le sucre peut créer une dépendance aussi forte que celle aux drogues dures, à l’alcool ou au jeu compulsif, confirme la Dre Julie St-Pierre, pédiatre. Comme pour toutes les drogues, certains individus sont plus à risque que d’autres.
Le sucre envoie un message de plaisir au cerveau et fait monter le niveau de dopamine. Plus le cerveau s’habitue, plus la dose doit être forte pour ressentir le même plaisir. Les enfants sont autant à risque de dépendance au sucre que les adultes.
« Plus on commence jeune, plus il y a une chance de développer cette addiction-là au sucre », ajoute Dre St-Pierre.
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Quelle quantité de sucre doit-on manger par jour?
Selon plusieurs spécialistes, les boissons sucrées (jus, boissons gazeuses, cafés ou thés spécialisés), qui contiennent souvent plus de 30 grammes (g) de sucre par portion, sont la principale source de surconsommation chez les jeunes.
« Il faut vraiment réduire. Je vois en clinique des jeunes qui en prennent un litre par jour [du jus de fruits] », constate la Dre Mélanie Henderson, endocrinologue à l’hôpital Sainte-Justine.
Boire un jus de pomme fait ingérer beaucoup plus de sucre que manger une pomme. Le fruit apporte des nutriments, des fibres et un sentiment de satiété. Le jus ne comble aucun besoin nutritionnel.
Le sucre ne devrait pas dépasser 10% des besoins énergétiques au quotidien et idéalement 5%. Voici les recommandations à 10 %:
- 0-2 ans: 0 g
- Jeunes enfants: environ 15 g à 40 g par jour *, soit de 4 à 10 cuillérées à thé
- Enfants et adolescents: environ 48 g pour un régime de 2000 calories, soit 12 cuillérées à thé
* La quantité de sucre recommandée varie selon l’apport énergétique quotidien. Plusieurs facteurs l’influencent: l’âge, le sexe et le niveau d’activité. Les chiffres sont à titre indicatif. Avec un apport de 5 %, on diminue les quantités de moitié.
Source : OMS, Fondation Cœur+AVC, Société canadienne de pédiatrie, naître et grandir
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Et les collations?
Les sucres contenus dans les fruits, les légumes et le lait ne sont pas nocifs pour la santé. Or, plusieurs parents seraient surpris de voir la quantité de sucre dans certaines des collations préférées de leurs enfants. Voici quelques exemples:
- Jus de pomme 200 ml = 20 g
- Cannette de Pepsi 355 ml = 41 g = 10 c. à thé de sucre
- Gelée aux fruits = 22 g
- Barre tendre au chocolat et caramel = 19 g
- Yogourt à boire YOP = 19 g
- Lait au chocolat 310 ml = 30 g
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ENVIRON 40% DES COLLATIONS DANS LES ÉCOLES PROVENANT DE DONS SONT BOURRÉES DE SUCRE
Les muffins, jus de fruits ou les fameuses galettes «Pattes d’ours» sont encore bien présentes dans les écoles québécoises: environ 40% des collations offertes aux élèves qui proviennent de dons sont bourrées de sucre, selon une enquête québécoise publiée l’an dernier.
C’est un sondage réalisé par le collectif Vital (anciennement la Coalition Poids) qui a permis d’y voir un peu plus clair dans la variété d’aliments offerts aux élèves dans les écoles primaires, à la lumière d’un sondage réalisé auprès de 273 intervenants du réseau scolaire.
Les aliments reçus sous forme de dons, provenant d’organismes communautaires, d’épiceries ou d’entreprises, ont été ciblés puisqu’il semble y avoir plus de «laxisme» sur ce plan comparé aux aliments achetés directement par les écoles, explique Mme Voyer.
Résultat: les dons d’aliments étaient présents dans 64% des écoles qui ont participé à ce sondage, et parmi les collations offertes gratuitement, environ 40% étaient des produits «ultratransformés riches en sucre» (comme des barres tendres, des desserts, des yogourts sucrés ou du lait au chocolat), ce qui va à l’encontre des orientations en vigueur dans le réseau scolaire.
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