3 h 09 de possibilités

Le jour où je suis devenue marathonienne, ma vie a changé.
J’ai fait mon premier marathon à l’été 2007. À l’époque, je devais faire sous les 3 h 40 pour pouvoir me qualifier pour la mythique Marathon de Boston. J’ai fait 3 h 39 :59.

Je me suis qualifiée.
Ma vie a changé.
J’ai fait Boston. J’ai descendu mon temps à 3 h 26. Ensuite, ma course au meilleur temps a commencé et je me suis mise à avoir très faim. Faim de dépassement et faim de manger de la purée de dattes. Hahaha! Mes temps diminuaient. Je vivais des sensations extraordinaires et j’en voulais toujours plus.

2007 : Marathon de Québec
2008 : Marathon de Boston
2009 : Marathon de New-York.
2010 : Je suis enceinte. Je fais une fausse-couche et retombe enceinte.
2011 : Je deviens maman pour la première fois.
2012 : Je cours un marathon en 3 h 08 et ma vie bascule.

Un mois plus tard, je lance madamelabriski.com et je me lance en affaires en ouvrant mon agence de publicité, 21 grammes agence d’idéation. Madame Labriski est à ces balbutiements. Je fais grandir mon agence de pub ainsi que Madame Labriski tout en étant maman. Je travaille plus que fort.

L’aventure de Madame Labriski prend une autre vitesse lors de la sortie de mon fameux livre jaune Ces galettes dont tout le monde parle. C’est la folie. Les copies s’envolent et les demandes de conférences ne cessent d’augmenter. Ma vie va à toute vitesse. J’ai des idées plein la tête, je travaille fort et la vie me sourit.

Au Salon du livre de Montréal, je croise un grand entrepreneur québécois chevronné. Il vient de sortir un livre et on échange ensemble sur le sport, la vie et l’entrepreneuriat. Il n’a aucune idée de qui est cette femme qui semble vendre des tonnes de copie de ce livre de galettes. Visiblement, il s’en fiche un peu. Je lui parle de mes objectifs, de mes désirs et de mes visions en affaires et en course à pied. Il me dit, comme plusieurs, que ça sera impossible pour moi de tenir la barre haute en affaires tout en performant (selon mes objectifs perso) en course à pied.

Je suis d’accord qu’on peut revoir nos objectifs. Mais sommes-nous obligés de croire à ce que tout le monde nous dit? À force de se faire dire qu’on ne peut pas, on termine par croire à ce qu’on nous dit.

Au début de ma vie de marathonienne, je faisais plein de courses par année et un marathon pour lequel je m’entraînais pour le performer. Lorsque je suis devenue maman et que je me suis lancée en affaires, j’ai laissé passer quelques années. Je courais, puisque c’est un mode de vie pour moi, mais je ne m’inscrivais pas à un marathon puisque ma vie était digne d’un grand marathon.

Mais en janvier 2018, j’ai souligné mes 40 ans et j’ai dit à mon chum que peu importe ma vie, je voulais faire un marathon. Parce que j’aime la préparation de cette grande fête de la course à pied et parce que ça me manquait. Je me suis donc inscrite au marathon de Toronto qui devait se dérouler en octobre.

J’avais peur.
Peur de ne pas pouvoir performer.

Peur de ne pas être en mesure de le refaire encore. J’avais maintenant 2 enfants (Antoinette et Adrien), 2 entreprises (mon agence de pub et Madame Labriski inc.), j’avais un énorme agenda, je préparais des lancements… et j’avais ce marathon à l’agenda. Ça n’avait aucun sens. Mais en même temps, l’entraînement me donnait de l’énergie pour garder la cadence.

J’avais peur. Mais je croyais. Mon entraînement était à mon agenda. Je le faisais. Ça me faisait du bien.
Des fois, je suis arrivée à l’entraînement brûlée et mon entraîneur, voyant que j’avais de la difficulté à pousser, me disait de retourner chez moi. En bonne fille, je laissais couler des larmes de fatigue (et de déception) et je retournais chez moi.

Deux semaines avant le marathon, je doutais.
Mais j’y croyais en même temps. (Je crois qu’il est normal de douter un peu. L’important est de croire en soi.)

J’ai appris qu’il faut croire en son entraînement comme on doit croire en ses projets en affaires. Si on a fait tout ce qu’on a à faire, c’est fou ce que notre corps nous permet de faire. Pendant ma préparation marathon, je m’étais beaucoup entraînée avec une amie qui allait, elle aussi, se retrouver sur la ligne de départ à Toronto. Comme le marathon demeure une épreuve individuelle, on avait pris la décision de ne pas le courir ensemble. (De toute façon, nos stratégies de course étaient différentes.)

Le grand jour, j’étais prête.
Je rêvais de battre mon temps personnel de 3 h 08. Mais je me disais que je voulais surtout vivre de belles sensations et faire la paix suite aux derniers marathons que j’avais fait en 2013 à Philadelphie où j’avais mal géré mon énergie. Je me disais donc qu’avec la vie que j’avais, c’était déjà génial que je sois sur cette ligne de départ.

La course s’est bien déroulée. En fait, le marathon s’est fait comme un charme. J’ai croisé mon amie au 2e km. Sa stratégie était différente de la mienne et je l’ai laissée partir en avant. Je voulais respecter mon plan de partir conservatrice pour terminer en force dans la dernière montée.

C’est ce que j’ai fait. Je courais. Je souriais. Je profitais du moment. Si j’avais de la musique dans les oreilles? Non. Je cours sans musique depuis 4 ans. Je courais. J’appréciais. Entre les km 25 et 35, alors que ça devient plus ardu, je courais. Je me suis demandée si pouvais ouvrir ma machine encore plus, mais je n’avais pas le goût de souffrir plus. (Je dois travailler ça.) J’ai donc tenu la cadence. J’ai commencé à sentir des signes de faiblesses au 38e km. Mais à ce stade, la course est presque terminée. Il faut alors TOUT donner pour la terminer.

À Toronto, la course se termine avec une côte. Je savais que je ne ferais pas de record personnel, mais je venais de vivre une expérience savoureuse avec le sourire. J’ai franchi la ligne d’arrivée. Je souffrais. J’en voulais presque encore. J’ai regardé ma montre : 3 h 09 :18. Mon meilleur temps était de 3 h 08 :18. Un temps que j’avais fait à l’époque où je n’étais pas encore en affaires. Un temps où je n’avais pas 2, mais un seul enfant. Un temps où ma vie était complètement.

Mon chum est venu à ma rencontre. Je pleurais presque de bonheur et de fierté. J’avais savouré ce marathon. Je n’avais pas souffert. J’étais une mère, une femme en affaires et une marathonienne confirmée. J’ai terminé 4e femme de 40 ans et plus de toutes les participantes au rendez-vous. Pas pire. Jute à côté du podium.

Mais pour moi, avec la vie que j’avais, ça valait une médaille d’or et un record personnel.

Ce marathon m’a enseigné tout le pouvoir qu’on a entre les 2 oreilles.

Si on veut vraiment, on peut. Nos capacités sont incroyables. Mais on doit avoir de la détermination. C’est cliché, mais c’est vrai.
Je rêve de faire un marathon en 3 heures. Même si j’ai 40 ans passé, j’y crois.

De toute façon, qu’est-ce que ça coûte de rêver? Rien.
J’ai juste à continuer à faire des choses que j’aime et à carburer à la purée de dattes.

Merciski la vie pour cette énergie. Cette jeunesse éternelle et ce goût de dépassement parce que je ne veux pas rêver ma vie et que je souhaite sincèrement faire de ma vie un grand rêve.

 

Mériane
XXX

 

Souvenir du Billet Facebook du 15 octobre 2018

Marathon de Toronto : un beau 3 h 09 pour la Madame qui carbure à la purée de dattes. Je suis tellement fière d’être arrivée à faire ma préparation avec toutes les activités de ma vie de maman et de femme qui a un désir fou de contribuer à améliorer la santé des Québécois, des Canadiens et des… Terriens. Il faisait un froid de canard ce matin à Toronto. (C’est pour ça que j’ai les lèvres bleues. Lol!)

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